Voici le témoignage éloquent de la Hurdleuse Lolo Jones qui nous éclaire sur les effets négatifs des pensées dans le temps de l'effort.
Souvenez vous, nous sommes en finale du 100 mètres haies aux JO de Pékin, Lolo Jones fait la course en tête. Les premières haies sont franchies dans l'aisance. Elle va gagner. Elle ne peut que gagner...Brusquement tout bascule !
Dans le dernier livre de daniel Goleman, "Focus, the hidden driver for excellence" 2013 (en français :Attention et concentration, les clefs de la réussite).Elle témoigne de cette expérience et de la raison qui l'a menée à la faute.
"Ce n'était quasiment rien au début, à peine l'impression que les haies venaient trop vite. Alors j'ai pensé : Attention à ta technique....Attention à bien lancer tes jambes. cette pensée m'a conduite à trop bien faire, je me suis contractée..et j'ai accroché la neuvième des dix haies. Au lieu de finir 1ère..je finis 7ème, et je m'effondre en larmes sur la piste".
Mais l'histoire ne s'arrête pas là ! De nouveau aux JO de Londres où elle finit 4ème, Lolo Jones avait toujours en tête cette mésaventure de Pékin. Comme si cette finale quatre ans plutôt était encore vécue comme le présent. Et ce sont les souvenirs du passé qui ont guidé la course de 2012 avec le même résultat ! Dés que Lolme Jones s'est mise à réfléchir dans l'action au détail de sa technique elle se programmait pour l'échec.
Pour un sportif de haut niveau, mais idem pour un musicien, un danseur, le fait de se mettre à penser dans le temps d'activité à la technique, c'est la recette du déraillement assuré. Pour exemplifier, des footballeurs à qui l'on ademandé de conduire un ballon en slalomant entre des cônes alignés au sol, tout en faisant attention à quelle face du pied ils faisaient appel pour toucher la balle, ont commis plus d'erreurs.
Le cortex moteur d'un athlète accompli, dans lequel les gestes ont été fixés par des milliers d'heures d'entraînement réalise mieux si on lui fiche la paix ! Comme l'explique Goleman : " Aussitôt que l'on se met à penser à ce que l'on fait, à comment le faire - ou, pis encore, à ce qu'il ne faut pas faire, le système (nerveux) confie une part du contrôle à des circuits qui savent très bien réfléchir et s'inquiéter, mais pas restituer le geste proprement dit. Que ce soit au 100 mètres haies, au football, au baseball". C'est l'emmêlement de pinceaux assurés".
En tant qu'entraîneur, il faut éviter et s'interdire de repasser aux athlètes ou aux joueurs des actions d'une épreuve ou d'un match en ne se focalisant que sur ce qu'il ne faudra pas faire la prochaine fois. C'est les conduire au blocage et à la réalisation ce que l'on ne veut pas voir se produire !
Il n'y a pas que le sport qui est concerné. Pour toutes les activités humaines cela fonctionne mieux quand on laisse faire, quand on ne cherche pas à forcer. C'est cela le lâcher prise, c'est laisser les événements se produire, surfer sur la vague de l'événement, être dans la présence à ce qui est et non dans le contrôle. C'est ce qui mène à l'état de flux (flow).